mercredi 22 février 2012

La question de l'âge

Avant de commencer, petite information culturelle : au Vietnam, les gens comptent leur âge davantage par rapport à l'année que par rapport à leur date d'anniversaire. Au moment du Têt, tout le monde gagne un an.

Par exemple, si vous êtes né le 11 juin 1994, vous avez le 23 février 2012 :
- 18 ans âge vietnamien (le Têt est passé et vous êtes dans l'année de vos 18 ans)
- 17 ans âge français (le mois de juin n'est pas encore passé).

Et en plus certains calculent leur âge en fonction de la date (approximative) de leur conception et non de leur date de naissance... Ils ont donc déjà 9 mois en naissant... Mais ne nous égarons pas.

C'est une question que j'aime bien poser aux jeunes étudiants que je rencontre pour savoir s'ils ont saisi cette subtilité culturelle.

Or aujourd'hui je rencontre un lycéen (tout à fait charmant) souriant et bavard avec un accent en français impeccable. Il est né en mars 1994 et je lui demande donc son âge français. "Dix-sept !" Je lui demande ensuite son âge vietnamien "Ben mười bảy !" (17... en vietnamien !)

lundi 20 février 2012

Mais Satu, comment ça se célèbre le Têt ?

Ma Chère Dua,

laisse moi répondre à ta question (datant de l'année dernière), mais avec toutes les précautions qui s'imposent : après tout, je n'étais pas au Vietnam au moment du Têt (le nouvel an vietnamien) les deux dernières années.

Néanmoins j'ai pu constater que le Têt, c'est un peu comme Noël et le jour de l'an réuni. C'est vous dire qu'au Vietnam, c'est plus qu'important, c'est incontournable.

Ça commence quelques semaines avant le nouvel an lunaire : les vietnamiens vont chercher des arbres à kumquat et des branches de pêcher rose (branches d'abricotiers jaunes dans le Sud) pour décorer leur maison. Évidemment, l'objectif est d'avoir le plus gros arbre possible : on assiste donc à des spectacles ahurissants d'arbres à kumquat de 1 à 2 mètres de haut déplacés partout sur les motos.

(je suis à chaque fois énervée de ne pas pouvoir prendre de photos pendant que je roule à moto, tant il y a de choses que j'aimerais vous montrer).

Les arbustes sont livrés en pot et sont replantés à la fin du Têt.

Au sein de la famille, ils symbolisent (avec leur nombreux fruits) la fertilité et la fécondité que la famille espère pour la famille à l'avenir.


Puis la branche de fleurs de pêcher symbolisent le bonheur et la chance, ainsi que le renouveau.


A la fin du Têt, les branches de pêchers quant à elles terminent à la poubelle !

(j'avoue humblement avoir pris les deux photos précédentes à l'aéroport, au moment où je me dirigeais vers des contrées plus chaudes !).

D'ailleurs, en parlant de renouveau, ma prof de vietnamien nous expliquait très sérieusement l'année dernière qu'au Vietnam, le printemps commençait après le Têt. Laissez-moi vous dire que lorsque le Têt se situe le 23 janvier, on n'y croit pas trop...

Le Têt dure officiellement trois jours et ce sont pour beaucoup les seules vacances de l'année : les Vietnamiens sont donc nombreux à se rendre auprès de leur famille dans leur village natal, et on assiste donc à un étonnant exode urbain : les villes se vident, la circulation devient fluide, le brouhaha se calme, les boutiques, les restaurants, les écoles et les administrations ferment pendant une semaine... C'est très impressionnant. Je vous déconseille fortement de tomber malade ce jour-là, ou d'avoir un accident : je doute que les ambulanciers acceptent de vous prendre et les médecins de vous traiter. Déjà que tous les prix sont multipliés par 4 (taxis, repas, etc.)

Bref les familles se réunissent et cuisinent allègrement pour préparer trois jours de bombance. Le plat le plus apprécié à cette époque est le Bánh chưng, un gâteau de riz à la pâte de haricots cuit dans une feuille de bananier pendant 10 heures à la vapeur.


Le truc est plutôt petit mais pèse un âne mort. Laissez-moi vous dire que c'est un vrai étouffe-bouddhiste !

On cuisine également pour les ancêtres qui sont invités à la fête.

Pendant les trois jours, les Vietnamiens vont donc aller à la pagode et visiter leur famille et leurs amis. Attention à la première personne qui entrera dans le foyer le premier jour de l'année : elle apportera la chance ou la malchance pour toute l'année à venir !

Et on offre aux jeunes et aux personnes âgées une petite enveloppe rouge avec un peu d'argent dedans pour se souhaiter bonne chance ! Une de mes collègues m'a ainsi donné ma petite enveloppe avec 5500 VND à l'intérieur (environ 10 cents).

Et quand on retourne au boulot, il faut absolument souhaiter chúc mừng năm mới à tout le monde ! (si on s'entraîne un peu avant, ça évite de bégayer, ce qui n'est pas classe).

J'espère qu'aucun Vietnamien ne va lire mon article, sinon je vais me faire lapider !!

On ne plaisante pas avec le nouvel an chinois


Le nouvel an chinois, c'est pas de la rigolade. Je vous ai déjà dit que tous les magasins étaient fermés... Mais où vont donc tous les chinois ce jour-là ? Au temple pardi !

Vous avez donc des temples animés comme les Grands Magasins le premier jour des soldes :




Allergiques à l'encens, s'abstenir. Chacun se trimbale avec une cinquantaine de bâtonnets allumés à la main et va les planter aux 4 coins du temple. Ce qui fait que les bacs sont vite pleins, et qu'il y a un monsieur qui fait le tour pour en ramasser par poignées et les mettre directement à la cheminée !


D'ailleurs c'est un peu à celui qui exhibera le plus gros bâton :


No Durians in the bus.

Maintenant Guilhem peut vous expliquer pourquoi.

lundi 13 février 2012

Les Tours Petronas


Il n'y a pas tant de choses que ça à faire à Kuala Lumpur... Parmi les incontournables, il y a (roulement de tambours) les tours Petronas (tadaaa !).

Attention, ce ne sont pas les tours les plus hautes du monde (elles l'ont été jusqu'en 2004) avec un modeste 452 mètres de hauteur et 88 étages. Mais ne crachons pas dans la soupe, voulez-vous ?

D'ailleurs avec un nom pareil, vous devinez à quel type d'entreprise elles appartiennent ? Entreprise pétrolière pardi !

Aïe mes vertèbres...

Je vais donc candidement me renseigner pour savoir comment grimper dans les tours, et on m'explique (dans l'auberge de jeunesse) que le nombre de tickets délivrés par jour est limité, et qu'il faut donc aller faire la queue tôt le matin... dès 7 heures du matin en fait (les guichets n'ouvrant qu'à 8h30).

C'était mon dernier jour en Malaise et je n'avais rien de prévu de particulier (je vous avais dit qu'il n'y avait pas grand chose à faire Kuala Lumpur) donc, forte de ma motivation et de ma jeunesse, je me rends aux tours à 7h pardi !

Et il y avait déjà 50 personnes qui faisaient la queue, toutes plus assoupies les unes que les autres ! (avec un mini mart ouvert depuis des heures qui vendait des litres de café). On nous a parqué comme de bêtes pour l'abattoir et nous avons attendu... Heureusement que j'avais de la bonne musique et un bon livre !

A 8h30 nous avons pu nous diriger vers le guichet et choisir notre horaire : ils ne vendent que 20 places par plages horaires (il faut qu'on rentre tous dans l’ascenseur!) et il n'y a que 3 plages par heure (moins le vendredi pour cause de prière).

Premier arrêt : 43e étage : la passerelle qui relie les deux tours. On est environ au niveau du toit des immeubles environnants...



Puis on monte au 83e étage, et tout d'un coup tout semble plus petit :


Ca ne vaut pas les toits en zinc de Paris mais bon c'est sympa quand même...


Et aux pieds des tours il y a un immense centre commercial (où je n'ai rien acheté parce que je suis nulle en shopping) et un jardin tropical parfait pour déjeuner dans l'herbe !!




dimanche 12 février 2012

Tong

Vendredi, j'ai été à la soirée courts métrages de l'Espace ; le premier court-métrage (français) étant au sujet d'un inventeur vietnamien faisant des prouesses dans une entreprise occidentale, je ne résiste pas à vous mettre le lien ! Bon spectacle !

?

La circulation en Malaisie est (un peu) plus calme qu'au Vietnam. Mais pour une raison que j'ignore (et qu'on a été incapable de m'expliquer) TOUS les conducteurs de motos en Malaisie portent leur veste par devant :

En terme de style, je suis dubitative.

Pour les copines de l'INALCO

Si un jour j'ouvre un restaurant, je l'appellerai Pintu Duduk : Gajah duduk étant déjà pris...

Malacca

Pendant le Têt, j'ai donc décidé d'aller en Malaisie, sans vraiment de programme mais avec l'envie certaine d'aller faire un tour à Malacca. Car diable ! Être la ville qui donne le nom au détroit le plus fréquenté du Monde, ça doit être quelque chose !

Malacca était en effet au centre d'un des nombreux royaumes malais dans le temps, sa situation géographique la protégeant des ouragans et la mettant au centre des échanges commerciaux ancestraux entre la Chine et l'Inde. Les indiens et les chinois ont donc rapidement trouvé un pied-à-terre dans cette région, puis les européens s'y sont intéressés aussi : d'abord les Portugais qui y installèrent un comptoir ; puis les Hollandais et leur puissante compagnie des indes orientales (VOC) et enfin les Anglais et leur Empire.

Ce qui donne à cette ville une architecture assez cosmopolite et une cuisine qui l'est tout autant.

Avec les changements de pouvoir, la ville a perdu de son influence au cours des siècles pour être remplacée par Singapour dès le XIXe siècle.

Comme pour Hoi An, on a du mal à se rendre compte que ces villes, aujourd'hui passablement minuscules, ont longtemps été une étape importante du commerce international : ce sont tout au plus trois rues qui se croisent !

Donc résumons : il y a du Portugais :




Il y aussi du Hollandais :


Avec même une petite Amsterdam !


Et aussi du Chinois :


Et évidemment du Malais :



Dont apparemment un (souriant) Mister Univers :


Bon, nous avons eu la mauvaise bonne idée de visiter la ville le jour du Nouvel An chinois (donc tous les restaurants étaient fermés, ce fut un peu compliqué de se nourrir), ce qui nous a tout de même permis de voir le fameux marché de nuit : petits plats chinois et malais, crêpes, pétards, l'ambiance était excellente !!